L’attente…

L’ attente…

Voyons ce qu’en disent des rêves.

Rêve – C’est le bonheur

La rêveuse est dans un lieu de soins. Elle doit attendre. Plus tard elle demande à l’infirmière si elle doit attendre encore longtemps. Celle-ci lui dit  oui. Elle doit attendre toute la matinée.

Elle est avec Pierre. Tous les deux sont l’un contre l’autre, allongés sur l’herbe. Elle a la tête sur son ventre. C’est le bonheur.

La rêveuse est dans un lieu de soin. Le rêve nous montre ce qui se passe en elle. Ce soin, ce peut-être créer de l’harmonie en elle, aider à la résolution de conflits… Il y a probablement un lien avec son travail sur les rêves. Elle doit attendre, attendre encore longtemps. Cette attente fait penser à l’attitude d’une femme enceinte. Pour être enceinte elle a dû agir puis accepter de laisser le processus naturel se faire en elle. C’est aussi l’attitude du jardinier qui , après avoir fait ses semis, attend en regardant la nature faire son travail.  Être à l’écoute, regarder, ressentir, sans agir directement. L’écoute, la présence est une action. Nous avons de plus en plus de mal à être dans cette écoute, dans cette présence. Nous avons besoin d’action directe, de méthode pour obtenir ce que nous désirons, pour aller vers nos objectifs. Cette attitude, nous pouvons l’appeler une attitude masculine. Ces actions directes, ces méthodes sont nécessaires parfois, souvent, mais pas toujours. L’attente est nécessaire parfois, souvent, mais pas toujours.

Visiblement la rêveuse commence à s’impatienter. L’attente lui paraît trop longue. L’infirmière représente une partie féminine en elle qui est compétente dans le domaine du soin. Elle lui demande d’attendre encore.

L’écoute des rêves permet de laisser les processus naturels se développer dans l’inconscient. Un jour, quand le bébé sera né, il faudra aussi agir directement. Mais pas pour l’instant.

La deuxième partie du rêve nous donne plus d’indications sur ce bébé, cette plante, qui est en train de se former. Elle nous montre l’objectif de la rêveuse. C’est la recherche du bonheur. Le bonheur c’est le besoin de se ressentir en paix, unifié. C’est cet état que beaucoup de femmes peuvent ressentir quand elles sont enceintes. Cette paix se ressent quand les conflits entre des attitudes, attirances opposées, contraires, semblent s’apaiser, disparaître, quand nous nous ressentons unis. Ce bonheur, cette paix c’est aussi l’amour. L’amour qui s’exprime ici dans la relation entre la rêveuse et  Pierre. Dans l’amour les forces opposées, qui se combattent souvent, sont perçues comme complémentaires ( Voir La guerre entre les opposés. Comment s’en sortir? ).

Dans la réalité extérieure la rêveuse a une relation avec  Pierre qui apparaît dans le rêve. Une relation difficile dans laquelle les moments de paix peuvent exister mais les déceptions sont très nombreuses. Elle est en permanence obsédée par le besoin de vivre une relation de couple qui soit harmonieuse. Cette obsession est présente chez tous les humains à des degrés divers, avec plus ou moins de conscience.  Cette obsession exprime le besoin naturel d’unir en nous les opposés dont les plus évidents sont féminin-masculin, inconscient-conscient. Intérieurement l’humain possède comme deux jambes qui doivent fonctionner en complémentarité pour qu’il puisse avancer dans la vie.

Que lui dit ce rêve? Pour atteindre cette harmonie, qui est montrée dans la deuxième partie, il lui faut être à l’écoute de cette partie féminine en elle qui est représentée par l’infirmière. Cette infirmière  qui lui dit qu’elle doit attendre et attendre beaucoup plus qu’elle ne pensait. Cette attente est très difficile pour elle car dans la réalité extérieure elle peut décider d’attendre tout en étant prise par cet objectif du résultat qui serait la rencontre avec l’âme sœur. Cela n’est pas vraiment attendre. Attendre véritablement c’est être présent à la vie que l’ont vit tout en étant détaché de ce qui pourra advenir dans le futur. 

Une question se pose à la rêveuse. Dans le rêve, Pierre avec lequel elle est en harmonie est-il le Pierre qu’elle connaît dans sa vie extérieure ou représente t-il l’image de sa partie masculine qui est inconsciente (La Projection dans la rencontre avec les autres humains) ?  Il représente les deux en même temps. L’expérience des rêves nous montre que très souvent l’évènement, l’évolution, se fait à l’intérieur avant de s’exprimer à l’extérieur. C’est ce qui est visible dans les rêves prémonitoires. Ici le rêve semble dire à la rêveuse :  » Arrête de vouloir régler tes problèmes avec Pierre à l’extérieur ou d’envisager de trouver une autre personne. Attend, laisse faire le processus qui ne dépend pas de toi, de ton moi. »

Rêve – J’ai trouvé un médecin

J’ai rendez-vous chez le médecin. Je suis contente d’en avoir trouvé un qui me convienne. D’autres personnes attendent déjà. Le médecin ouvre la porte de son bureau pour faire entrer un client. Elle ressemble beaucoup à l’actrice Catherine Jacob. Elle a l’air bougon mais a également un côté accueillant. Je suis arrivée le matin car je ne voulais absolument pas rater cette première visite. Il est maintenant pas loin de 15h30. Mon rendez-vous est normalement à 16h. Je décide d’aller voir ma mère qui n’habite pas loin. Je reviens à 16h10. La porte du bureau du médecin est entre-ouverte. Elle m’aperçoit et vient sur le pas de la porte. Je lui dis que je me suis absentée juste un petit moment. Je vois que quelqu’un est assis à l’intérieur. Je demande de pouvoir passer après la personne. Le médecin dit que c’est trop tard car c’est la dernière personne qu’elle prends. Je lui explique que je suis allée voir ma mère qui habite juste à côté. Elle reste sur sa position. J’insiste. Elle semble sensible au fait que je me soit absentée pour aller voir ma mère.  Elle me dit : « Ok pour un rendez-vous mais demain matin 9h. Vous serez la première, il n’y aura pas d’attente. J’accepte la proposition.

Comme dans le rêve précédent, nous retrouvons  la recherche du soin. Celui-ci  sera possible si la rêveuse (son moi)  est capable d’entrer en contact avec son ombre inconsciente représentée par un spécialiste du soin : le médecin. Ici encore c’est une femme. C’est une attitude féminine qui peut l’aider. Ici encore elle doit attendre.

Bien évidemment cette recherche renvoie à la réalité  extérieure. Cette rêveuse, comme beaucoup de monde aujourd’hui, a beaucoup de mal à trouver un médecin d’autant plus qu’elle cherche un médecin qui lui convienne. Elle ne trouve que des remplaçants qui sont de passage ou des médecins formatés qui ne sont pas à l’écoute. Les autres ne prennent plus de nouveaux clients ou sont partis à la retraite. Elle a compris qu’elle doit attendre. La fonction du rêve pourrait être d’insister pour la rassurer dans sa nouvelle attitude.  

Mais il parle également de la recherche d’un médecin intérieur. Ce médecin intérieur est présenté par l’inconscient avec les traits de l’actrice Catherine Jacob. Quand la rêveuse est invitée à décrire cette actrice elle dit qu’elle est indépendante, qu’elle a une ligne de conduite. Elle est très humaine, très aimable avec un côté bougon, fantasque, imprévisible qui peut surprendre. Je dirais que ce côté bougon, fantasque est une ouverture à l’inconscient. La rêveuse reconnaît qu’elle lui ressemble énormément.  Visiblement elle est très attirée par cette ombre en elle, elle ne veut pas rater son rendez-vous.  Mais ce n’est pas facile car il faut attendre longtemps. Dans un premier temps elle l’a raté à cause de son désir d’aller voir sa mère. Elle devra encore attendre jusqu’au lendemain.

Pourquoi est-elle allée voir sa mère?  Elle  dit que sa mère a aussi  beaucoup de traits de caractère de Catherine Jacob et d’elle même avec une différence importante. Elle n’est pas fantasque, imprévisible. On comprends donc que la rêveuse est encore attachée à sa mère comme un exemple pour son propre comportement ce qui l’empêche d’aller vers ce qu’elle est profondément.  L’attachement à cet exemple est en train  de s’évanouir car il ne fait qu’augmenter le temps d’attente pour cette rencontre qui se fera le lendemain. D’ailleurs la rêveuse  parle de sa mère dans ce rêve comme d’une femme âgée qui lâchait prise, qui avait perdu son côté tranchant, qui allait mourir. L’attente a été nécessaire pour que la rêveuse se libère d’un passé qui l’empêchait d’être elle-même. Laisser faire le temps était nécessaire. L’ombre Catherine Jacob est une sorte de double inconscient de la rêveuse.

Rêve – Le chemin de l’individuation

Je prends le bus pour aller à Saint Jacques de la lande pour assister à l’assemblée générale de l’association. En cours de route je n’ai plus envie d’y aller. Je descends dans le centre. Là sur une grande place j’aperçois des policiers qui maltraitent  très durement de jeunes adolescents. Il est question de petits bouts de cannabis. Je veux revenir chez moi à pied mais ne connais pas les chemins de randonnée qu’il faudrait prendre. Je m’adresse à un groupe de retraités. Ils ne connaissent pas ou disent qu’il n’y en a pas. Je cherche sur mon GPS. Je n’en trouve pas. Pour continuer mon chemin je décide d’acheter du pain dans une boulangerie. Je ne trouve qu’un magasin qui fait café, épicerie, dépôt de pain… Il y a beaucoup de paysans. Une fois à l’intérieur je ne vois pas où m’adresser. Je décide d’attendre. Puis je m’adresse à un homme qui me répond dans une langue que je ne connais pas. Une femme me propose de traduire ce que dit le paysan. Elle me dit de ne pas m’inquiéter, que je pourrai avoir du pain mais que je dois attendre.

Ce chemin, que prends la rêveuse, semble chaotique  et ne mener nulle part. Il montre ce que Jung a appelé le processus d’Individuation . Ce n’est pas la route toute droite qu’emprunte l’intellect quand le moi a décidé d’aller vers un objectif. C’est un chemin intérieur qui se découvre peu à peu quand le moi accepte de se laisser guider par la vie, l’inconscient. Un chemin intérieur qui a une résonance avec la vie extérieure. Il passe par beaucoup d’intérêts, d’attirances de la rêveuse qui peuvent être opposés comme si le but était de trouver, de créer une unité dans cette personnalité qui se construit en devenant consciente.

Saint Jacques de la lande est une ville de l’ Ille et vilaine. Elle évoque le chemin de Saint Jacques de Compostelle que prend le pèlerin pour se transformer. Au début de ce périple la rêveuse prend un bus, un moyen collectif de déplacement mais par la suite elle en descend pour aller vers le centre (le centre en elle). Ce centre représenté par une grande place lui montre une face d’elle même qui ne l’intéresse pas trop puisqu’elle veut revenir chez elle. Revenir chez elle est-ce  revenir à son point de départ? Chez elle ? Elle croit connaître, elle croit se connaître. Mais le chemin sera long et tortueux pour aller vers elle même. Elle devra y aller à pied c’est-à-dire sans technique, sans méthode, en tâtonnant , à l’écoute de ce qui se présentera, dans l’attente souvent (cf  « Il n’y a qu’un seul chemin et c’est votre chemin » C.G. Jung dans « Le livre rouge »).  Visiblement elle avait une belle idée naïve de ce qu’elle allait trouver. Elle pensait trouver rapidement cette plénitude, ce « bonheur » que nous cherchons souvent en fuyant la réalité. Notre chemin vers ce que nous sommes profondément, c’est aussi, souvent, de rencontrer ce qui, en nous, ne nous plait pas. Au début de son périple elle trouve ces  » policiers qui maltraitent  très durement de jeunes adolescents. Il est question de petits bouts de cannabis ».  Symboliquement, les policiers représentent l’action conforme à la loi de la collectivité, à la justice .  Mais cette loi, si on l’applique d’une façon trop extrême,  trop masculine, sans compréhension féminine, on va détruire la vie, la vie inconsciente qui est une nourriture représentée par ces adolescents et leurs petits bouts de cannabis. La loi est juste pour la collectivité, le collectif  mais pas toujours pour l’individu.

Le rêve se termine par la rencontre avec les paysans qui représentent le lien avec la terre, la nature, des paysans qu’elle a encore beaucoup de mal à comprendre.  Mais elle est aidée par cette traductrice en elle qui lui dit qu’elle ne doit pas s’inquiéter et doit encore attendre pour obtenir cette nourriture de base représentée par le pain.

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